"Socialiser les sièges vides": le covoiturage façon ecov

Ecov, service de covoiturage d'un nouveau genre, reçoit en 2015 le Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace. La start-up ambitionne de faire de la voiture un transport collectif via la massification du covoiturage sur les petites distances.
"Socialiser les sièges vides": le covoiturage façon ecov
12 Sep. 2016
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Arnaud Bouffard (X 2005) et l'une des stations de covoiturage ecov dans le Val d'Oise (95).
La start-up ecov a développé une technologie de station de covoiturage qu'elle propose aux collectivités péri-urbaines et rurales. Rencontre avec l'un de ses co-fondateurs, Arnaud Bouffard (X 2005). 
Pouvez-vous nous expliquer le principe d’ecov ? 
Nous avons remarqué, mon associé Thomas Matagne et moi-même, que les principaux sites de covoiturage se positionnent sur les trajets longue distance. De plus, on constate une insuffisance de l’offre de transport collectif. Pour pallier cela, nous installons des bornes au bord des routes : elles permettent aux usagers d’indiquer leur destination, même s’ils n’ont pas de smartphone. Quelques dizaines de mètres avant ces bornes, des panneaux à message variable avisent les conducteurs qu’un covoitureur est sur leur chemin, et combien ils gagneront en le prenant à bord. 
Pourquoi s’attaquer à la problématique du covoiturage ?
Beaucoup de personnes n’ont pas de véhicule, et nombre de ceux qui en possèdent voyagent seuls. C’est un constat simple mais d’actualité. Mettre en relation ces usagers est pour nous un système de circulation efficace et plein d’avenir : il fournit un moyen de transport à ceux qui n’en ont pas, un peu d’argent à ceux qui se déplacent et enfin c’est un service de mobilité peu coûteux pour les collectivités qui l’installent sur leur territoire. La notion d’intérêt général fait sens chez nous. De plus nous avons, Thomas et moi, une conscience écologique forte qui nous pousse à développer des solutions aux problèmes environnementaux : il y a urgence. Nous sommes cependant réalistes, ces sujets sont anxiogènes, il faut y trouver des solutions à la fois économiquement viables et séduisantes pour les utilisateurs visés. 
Pourquoi avoir candidaté au Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace ?
Il s’agit de l’un des premiers concours auquel nous avons candidaté. Moi-même ancien Polytechnicien, j’ai été sensible au fait que l’École s’engage dans la voie de l’entrepreneuriat et au fait que la Fondation de l’École polytechnique ait mis en place ce Prix, il y a déjà plusieurs années. Je savais que le remporter serait un gage de confiance et de validité pour notre projet. Recevoir le Prix a été très gratifiant, cela nous a confirmé que nous étions sur la bonne voie. Nous en sommes repartis fiers et plus motivés que jamais ! 
D’autant plus qu’ecov semble s’être construite autour d’une éthique forte…
Nous avons deux objectifs principaux : créer du lien social et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier est d’ailleurs mentionné dans les statuts de notre entreprise. En février, nous avons obtenu l’agrément « Economie Sociale et Solidaire ». C’est un gage des valeurs auxquelles nous adhérons : défense de l’environnement, réallocation privilégiée des profits au développement de l’entreprise, représentativité des membres de l’équipe... Nous sommes de plus très attentifs aux questions d’accessibilité : ceux qui ont le plus de problèmes de mobilité ne sont pas les plus connectés. 
Quel rôle a joué l’École dans votre choix de devenir entrepreneur ? 
Plus qu’un choix c’est un enchaînement logique d’étapes. J’ai eu la chance de suivre à l’École des cours pointus de climatologie qui m’ont appris la dangerosité du changement climatique et l’importance de la réduction de notre empreinte carbone. Ma spécialisation "Énergie & Environnement" en 4ème année et mes lectures ont achevé de me convaincre que c’était le domaine dans lequel je devais aller. Après deux ans en tant que consultant en stratégie carbone, j’ai décidé de passer à l’action. Créer une entreprise est de fait un moyen très puissant de le faire. La Fondation de l’École polytechnique et le Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace sont venus parachever ce processus en nous apportant des moyens concrets pour nous lancer effectivement dans l’aventure.
Que conseilleriez-vous aux lauréats 2016 du Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace ?
Je crois qu’il faut avoir un savant mélange de vision et de pragmatisme. L’innovation est faite d’audace et d’engagement : il faut tenir le cap. Étalez votre ambition en gardant les pieds sur terre : vous n’avez pas fini de travailler ! C’est un sacré cocktail qu’il faut assembler : un contexte favorable, des opportunités qu’il faut savoir saisir, une équipe qu’il faut recruter et diriger… Il va vous falloir sprinter, mais préparez-vous à tenir la durée, c’est une course de fond !
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