Transformer la vie des personnes à mobilité réduite

Récompensée par le Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace en 2012, la start-up Wandercraft a développé une technologie innovante pour les personnes handicapées, l’exosquelette Atalante.
Transformer la vie des personnes à mobilité réduite
06 Sep. 2016
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Nicolas Simon, co-fondateur de Wandercraft
Nicolas Simon (X 2008), co-fondateur de la start-up Wandercraft
L’ambition de Wandercraft est de rendre aux personnes à mobilité réduite leur liberté de mouvement grâce à de la robotique dynamique. Encore à l’état de projet à la remise du Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace en 2012, leur prototype d’exosquelette Atalante est aujourd’hui prêt à être commercialisé. Zoom sur cette incroyable aventure avec l’un de ses fondateurs, Nicolas Simon (X 2008) et son directeur de développement, Jean-Louis Constanza.
Le handicap est au cœur de votre start-up, Wandercraft. Pourquoi avoir choisi de s’attaquer à ce sujet ? 
Jean-Louis Constanza (JLC) : Dans l’équipe, nous sommes tous, de près ou de loin, touchés par le handicap. Mon jeune fils m’a un jour demandé pourquoi les robots ne venaient pas en aide aux personnes handicapées. Lorsque j’ai découvert Wandercraft, en 2013, j’ai tout de suite souhaité m’investir dans ce projet et apporter une réponse concrète à mon fils. Attraper un livre dans une étagère, faire la cuisine, prendre le métro… Ce sont des actions de la vie courante, et pourtant si difficiles à réaliser en fauteuil, les structures d’une ville ou les mobiliers de maison n’étant absolument pas adaptés. Il était nécessaire de créer une évolution majeure dans ce domaine.
Nicolas Simon (NS) : De mon côté, de nombreuses personnes de ma famille sont touchées par la myopathie, une maladie neuromusculaire qui provoque la dégénérescence des tissus des muscles. J’ai toujours été sensible à leurs difficultés dans la vie quotidienne et à leurs attentes face aux nouvelles technologies. Avec Wandercraft, nous avons voulu agir concrètement en rendant aux personnes à mobilité réduite leur mobilité, et donc leur autonomie. Atalante, notre prototype, est né de la conviction de redonner toute sa place à une personne à mobilité réduite dans un environnement qui peut aujourd’hui lui être défavorable, et ce grâce à l’innovation.
De cette volonté, comment est née Wandercraft et votre prototype, Atalante ? 
NS : En intégrant l’École polytechnique, j’ai rapidement rejoint une association étudiante, le « Binet Robot ». Avec Alexandre Boulanger (X 2008), le co-fondateur de Wandercraft, nous avons pensé à créer un exosquelette capable de trouver son équilibre, de porter une personne, de la conduire en ligne droite, de tourner, de s’asseoir… Tout en laissant à cette personne le pouvoir de diriger le robot et de gérer, seule, sa trajectoire. La robotique dynamique que nous utilisons, à la pointe de la technologie, permet de parvenir à un niveau d’autonomie avancé et concret, jusqu’alors très peu atteint. Aujourd’hui ce robot est devenu Atalante. 
Vous avez reçu le Prix Gérondeau / Zodiac Aerospace de la Fondation de l’X en 2012, quelques mois après avoir fondé Wandercraft. En quoi a-t-il été un tremplin pour votre start-up ? 
NS : Nous avons commencé à travailler sérieusement sur ce projet en novembre 2011, en vue de candidater au Prix en juin 2012. Cette première phase fut complexe. Au départ, nous travaillions à distance et nous devions réaliser des simulations exigeantes. À l’époque, nous ne savions pas si nous souhaitions être entrepreneurs. Recevoir le Prix nous a convaincus de nous lancer totalement dans l’aventure Wandercraft. Sans lui, nous aurions sans doute abandonné. Ce Prix fut la première preuve de la crédibilité de notre projet. Grâce à ce label, nos investisseurs nous ont attribué une grande confiance, tout comme les centres de soin avec qui nous travaillons déjà.  
Nicolas Simon et Alexandre Boulanger (X 2008) recevant le Prix Jean-Louis Gérondeau / Zodiac Aerospace en 2012 de la part d'Olivier Zarrouati, Président de Zodiac Aerospace et de Jean-Bernard Lartigue, Délégué général de la Fondation de l'École polytechnique.
Comment envisagez-vous l’avenir et qu’est-ce qui vous pousse à croire en cette aventure entrepreneuriale ? 
NS : Atalante se développe fortement et notre notoriété augmente. Ce sont actuellement nos plus beaux succès. Nous avons travaillé dur pour le Prix Gérondeau, nous continuons à le faire depuis quatre ans et nos efforts payent. En octobre, nous allons pouvoir tester le prototype sur dix personnes à mobilité réduite, en vue de le commercialiser prochainement. Nous avons également la conviction, en tant que Polytechniciens, d’avoir un devoir envers la société. Nous nous devons d’innover, de développer l’économie et de créer de l’emploi avec les dernières technologies à notre disposition. Nous avons eu la chance de bénéficier d’une formation d’excellence, avec les meilleurs professeurs et dans un milieu exceptionnel. Si nous ne nous lançons pas, qui le fera ?
JLC : De plus en plus de médias viennent vers nous et nous offrent une forte visibilité. De nombreuses personnes nous contactent pour connaître l’avancée du projet Atalante. Elles attendent beaucoup de notre exosquelette, elles sont à nos côtés pour nous soutenir et nous remercient de notre investissement. C’est tout le cœur de notre motivation : changer la vie de milliers de personnes de façon radicale grâce à une innovation de pointe.
Auriez-vous un conseil à donner aux futurs lauréats du Prix Gérondeau / Zodiac Aerospace 2016 ? 
NS : Les cursus ont bien changé depuis que j’ai quitté l’École ! Les initiatives pour motiver les élèves à devenir entrepreneurs se multiplient, les projets de start-up s’accélèrent et les Prix de la Fondation ont beaucoup d’échos positifs. Les jeunes Polytechniciens sont stimulés par cette dynamique qui donne du poids à notre réussite collective. Aux futurs primés du Prix Gérondeau, je dirais de ne surtout jamais hésiter à contacter d’anciens X devenus entrepreneurs. Au départ d’un projet, il est possible de se sentir isolé. Il faut pourtant savoir qu’entre entrepreneurs de l’X nous nous serrons les coudes : il y a un véritable esprit d’entraide et de soutien, que nous entretenons par des dîners réguliers entre lauréats. Le Prix Gérondeau, en plus d’être un tremplin, est une véritable porte d’entrée dans le monde entrepreneurial !

 

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