Le parcours d'un polytechnicien : du diplômé au grand donateur

Pascal Viguié (X 1993) est l'un des plus jeunes Grands donateurs de la Campagne pour l'École polytechnique.
Le parcours d'un polytechnicien : du diplômé au grand donateur
15 Sep. 2010
Portrait

Que vouliez-vous faire en sortant de l’École Polytechnique en 1996 ?

J’aurais aimé faire de la recherche en mathématiques, mais j’étais trop loin des meilleurs. J’ai finalement suivi une formation complémentaire en économie et management, en double diplôme avec une année en milieu anglo-saxon, en vue de créer plus tard ma société.

Comment en  êtes-vous  arrivé au  choix de la création d’entreprise ?

J’espérais, en créant une entreprise, pouvoir devenir rentier à 35 ou 40 ans afin de me consacrer aux maths, au cinéma ou à l’écriture. Sans idée remarquable, je débute fin 1998 comme chef de produit dans une grande entreprise de télécoms. Je découvre un monde  ouvert et créatif, mais aussi très violent. Je réalise vite que je ne souhaite pas passer un tiers de ma vie à faire des choses qui ne me plaisent pas. Je démissionne donc mi-1999 pour lancer un premier projet, effectuant en parallèle un master en informatique (effets spéciaux & images de synthèse) pour me réorienter vers le cinéma en cas d’échec. Ce premier projet d’entreprise, lié à la musique en ligne, avorte  rapidement...

Mais vous n’avez pas renoncé…

Le succès en matière de création d’entreprise relève davantage de la ténacité que du génie. Richard Branson a échoué 5 ou 6 fois avant de lancer Virgin. Je trouve rapidement une idée de rechange, pas fantastique. L’« analyse » était la suivante: l’Internet allait connaître une croissance fulgurante, et il n’y avait pas de site connu pour l’automobile, deuxième budget des ménages. Nous lançons 321Auto en mars 2000, un mois avant le krach Internet, en nous centrant initialement sur l’après-vente automobile. Durant les deux premières années, nous avons craint en permanence que l’entreprise ne fasse faillite dans les six mois.

Comment avez-vous géré la situation ?

Division par quatre du salaire (SMIC), puis par plus l’infini (zéro)... Pas de vacances, «du sang, de la sueur et des larmes» durant deux années... J’ai même enseigné les mathématiques six mois en Slovaquie, mon principal associé faisant pendant ce temps un travail de titan à Paris. Nous finissons par trouver notre modèle économique, les petites annonces de vente de voitures. Des divergences internes menacent plusieurs fois la société, mais nous devenons l’un des trois plus gros sites français du secteur.

Comment êtes-vous arrivé en Europe de l’Est ?

Je désirais mieux connaître cette région, et mon épouse slovaque avait le mal du pays. Nous revendons 321Auto début 2007 à PriceMinister, dont je deviens l’un des principaux actionnaires privés. Fin 2008, nous déménageons en Slovaquie.

Que faites-vous maintenant ?

Nous avons créé une startup (similaire à AuFéminin.com), dont la phase «start» a mieux marché que la phase «up»... Cela relativise mon succès précédent, et sa part de chance. Je partage mon temps entre ma société et mes investissements, qui eux marchent heureusement très bien.

Pourquoi avez-vous contribué à la Campagne ?

Je souhaitais remercier ceux qui avaient permis le succès de 321Auto. En France, la crédibilité de l’École polytechnique m’a énormément servi. ParisTech, et en son sein Polytechnique, représente la meilleure chance française pour créer une alternative aux grandes universités anglo-saxonnes. Ce n’est pas une question de niveau - nous avons ce qui se fait de mieux, ou presque - mais simplement de notoriété et de taille. Il nous faut miser sur ParisTech, qui seule possède la taille critique.

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