Rencontre avec Laurent Laizet (X 1991), Grand donateur de la Fondation

Ancien élève de la promotion 1991, Laurent Laizet est co-fondateur et Chief Investment Officer de Qube Research & Technologies (QRT), une société spécialisée dans la gestion d’actifs financiers. Rencontre avec un Grand donateur qui a choisi de soutenir son Alma Mater à double titre : en tant que particulier mais aussi à travers son entreprise.
Rencontre avec Laurent Laizet (X 1991), Grand donateur de la Fondation
14 déc. 2023
Portrait

Quelles ont été les grandes étapes de votre parcours avant et depuis votre sortie de l’École polytechnique ?

Je ne suis pas issu d’un milieu scientifique, je suis même le premier de ma famille à avoir obtenu un Bac C. Mon appétence pour les maths m’a poussé à m’orienter vers une classe prépa puis à intégrer l’X en 1991. À l’issue de ma formation, j’ai choisi d’aller vers des métiers liés aux mathématiques avec des applications dans le domaine de la finance. J’ai débuté ma carrière en 1996 à la Société Générale avant de rejoindre le Crédit Suisse en 2009. Au sein de ces deux institutions, j’ai notamment travaillé sur des modèles mathématiques permettant de prédire le cours des actifs financiers, dans un univers qui s’est nettement complexifié ces dernières décennies. En 2016, j’ai co-fondé Qube Research & Technologies qui est une spin-off de Crédit Suisse et qui opère de manière indépendante depuis 2018.

Pourriez-vous nous en dire plus sur Qube Research & Technologies et ses activités ?

QRT est une société spécialisée dans la gestion d’actifs, essentiellement financiers, présente à Londres, Paris, Zurich, Dubaï, Mumbai, Singapour, Hong Kong et Shanghai. La gestion quantitative est au cœur de notre métier. Nous développons et utilisons des modèles mathématiques et du machine learning pour obtenir une performance des actifs indépendante et décorrélée des marchés. Ces dernières années, QRT a connu une forte progression. Lorsque nous avons quitté Crédit Suisse, nous gérions $800 millions d’actifs, contre $15 milliards aujourd’hui, et le nombre de collaborateurs est passé de 100 à plus de 1 000. Parmi ces salariés, nous employons près de 400 chercheurs.

Parmi vos collaborateurs, figurent aussi de nombreux Polytechniciens.

Cette année, plusieurs dizaines de Polytechniciens ont en effet rejoint les rangs de QRT, pour des stages ou des emplois. Nous sommes très satisfaits de leur intégration dans l’entreprise. La formation qu’ils ont reçue en fait des professionnels avec un bon mix théorique et pratique. Dans des métiers à la frontière de la recherche, cela est très précieux.

Cette année, vous avez choisi de soutenir votre Alma Mater à la fois par un don à titre particulier à l’Ecole Polytechnique Charitable Trust, structure sœur de la Fondation au Royaume-Uni, et par un mécénat de QRT qui a permis de soutenir le programme S.S. Chern Young Faculty Awards*. Quel est le moteur de votre engagement ?

J’ai gardé beaucoup de bons souvenirs de l’École polytechnique qui m’a apporté une grande ouverture d’esprit et un enseignement pluridisciplinaire d’excellence assez unique au monde. J’y ai acquis un background qui m’a servi tout au long de ma carrière et il me semble normal de redonner lorsque la formation s’est conclue par un succès. C’est le sens de mon engagement personnel. Au-delà, QRT finance depuis 2020 l’initiative de recherche « Deep finance and statistics », consacrée à la gestion systématique des risques financiers des algorithmes de trading, et cette année, nous avons choisi de soutenir les S.S. Chern Young Faculty Awards pour accompagner de jeunes mathématiciens de Polytechnique. Si au XXe siècle, il était encore possible de faire des maths sans moyens, ce n’est plus toujours le cas aujourd’hui. Avec l’arrivée des nouvelles technologies, mener des recherches nécessite des investissements conséquents et les grandes universités mondiales, et notamment anglo-saxonnes, disposent de budgets colossaux. Dans ce contexte, le soutien des entreprises me semble essentiel pour donner à l’X des moyens complémentaires et permettre le financement de projets sur des sujets d’avenir.

Si vous aviez un message à adresser aux élèves et étudiants de l’École polytechnique, quel serait-il ?

Je leur dirais qu’avec leur formation, ils ont toutes les raisons d’être confiants sur ce qu’ils peuvent faire. Dans la phase technologique dans laquelle nous venons de rentrer et qui devrait durer plusieurs décennies, les Polytechniciens, avec leur bagage scientifique, sont les mieux formés et sont parfaitement positionnés pour répondre aux enjeux de demain.

 

* Créé en 2023, le Shiing-Shen Chern Young Faculty Award est un dispositif d’accompagnement ciblé destiné à de brillants enseignants-chercheurs en début de carrière, membres des départements de mathématiques et de mathématiques appliquées à l’École polytechnique. Pendant une durée de trois ans, les lauréats bénéficient d'une prime d'excellence scientifique et d'un budget de recherche leur permettant de développer de manière autonome un projet de recherche ambitieux.

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