Santé connectée : Omini révolutionne la biologie médicale avec ses tests sanguins portables

Créée par Joanne Kanaan, docteur en biochimie, et Anna Shirinskaya (D 2017), docteur en bioélectronique, Omini développe des tests sanguins portables et immédiats au chevet du patient, destinés dans un premier temps aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque. Combinant la précision des méthodes traditionnelles à la portabilité des objets connectés, ces dispositifs permettent d’évaluer l’efficacité thérapeutique et d’éviter les réhospitalisations.
Santé connectée : Omini révolutionne la biologie médicale avec ses tests sanguins portables Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya (D 2017), co-fondatrices d'Omini
17 juin. 2022
Portrait

Au cours du siècle dernier, l’espérance de vie a doublé, conduisant à un vieillissement de la population et à une augmentation accrue de la prévalence des maladies chroniques, croissance insoutenable pour les systèmes de soins actuels. Conscientes de la nécessité de créer de nouvelles techniques de détection précoce, de prévention et de suivi, Joanne Kanaan et Anna Shirinskaya ont lancé Omini en 2019. Née de leurs recherches - en biochimie et biologie moléculaire à École normale supérieure - PSL pour Joanne, et en bioélectronique à l’École polytechnique au sein du Laboratoire de physique des interfaces et des couches minces* pour Anna -, la medtech développe de nouvelles méthodes de tests sanguins adaptées à une médecine décentralisée et personnalisée.

« L’ambition d’Omini est de fournir aux patients atteints de maladies chroniques une solution de suivi à domicile permettant d’évaluer l’efficacité thérapeutique, d’ajuster le traitement et ainsi d’éviter les réhospitalisations. Pour cela, nous avons élaboré une nouvelle génération de biocapteurs électrochimiques capables de mesurer de manière quantitative et simultanée différents biomarqueurs sanguins à partir d’un volume d’échantillon minimal. Très concrètement, le patient prélève au bout de son doigt une goutte de sang, la dépose sur une bandelette à usage unique et l’insère dans le lecteur électronique que nous avons développé. Celui-ci traite alors le signal provenant du capteur et permet d’afficher et de transmettre aux médecins les résultats du test », explique Joanne Kanaan. Premiers bénéficiaires de cette solution : les patients souffrant d’insuffisance cardiaque qui touche chaque année 1 million de français et qui représente la première cause de réhospitalisation (30%). « Ces dernières années, en particulier depuis la crise sanitaire, nous avons assisté à l’émergence d’outils de télésurveillance permettant de surveiller le poids, la tension ou encore l’électrocardiogramme. Ces outils offrent de bons indicateurs mais ne permettent pas de suivre l’évolution des marqueurs sanguins qui sont pourtant nécessaires pour évaluer l’efficacité thérapeutique. C’est en ça que notre dispositif est innovant et différenciant », poursuit Joanne.

Loin de se limiter au suivi des maladies cardiovasculaires, les tests sanguins portables développés par Omini pourraient permettre d’accompagner des patients atteints d’autres pathologies. « Notre plateforme s’adapterait à la mesure de près de 70% des marqueurs analysés en laboratoire et pourrait détecter plusieurs marqueurs sanguins sur une bandelette en simultané. Nous travaillons d’ores et déjà sur le suivi de l’insuffisance rénale et dans le futur, nous pouvons imaginer suivre l’état de santé de patients atteints de cancer ou souffrant de maladies neurodégénératives », indique Anna Shirinskaya, co-fondatrice d’Omini qui compte aujourd’hui 9 salariés aux profils très internationaux.

Lauréate du prix Jean-Louis Gerondeau - Safran en 2019 et du prix X-Grant Silicon Valley en 2020, la jeune pousse a levé 1,7 million d'euros en amorçage en décembre 2020, auprès de l’investisseur deeptech Entrepreneur First, de réseaux français de business angels (BADGE, AMBA, Angel Santé, INSEAD BA, WeLikeAngels, PSBA), de business angels stratégiques et de Bpifrance. Ces fonds lui ont permis d’accélérer le prototypage de son premier produit et de fournir des preuves de concept. Prochaines étapes : poursuivre la phase d’industrialisation afin d’obtenir le marquage CE en 2025 et d’effectuer le lancement du dispositif sur le marché à l’horizon 2026. Pour atteindre ces objectifs, Omini vient de lancer un nouveau tour de table.

* Laboratoire de physique des interfaces et des couches minces (CNRS/École polytechnique - Institut Polytechnique de Paris)

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