Eva Engines : quand l’IA révolutionne la mode

Après avoir défilé pour les plus grands noms de la mode, Céline Delaugère a créé Eva Engines, une start-up fashion tech et deeptech qui utilise l’intelligence artificielle pour trouver des mannequins et pour permettre aux designers de visualiser leurs futurs vêtements sans recourir à la création de prototypes. Rencontre avec une entrepreneure au parcours atypique.
Eva Engines : quand l’IA révolutionne la mode
07 oct. 2020
Portrait

Céline Delaugère est à la fois ingénieure, passionnée par les maths et par l’intelligence artificielle, et mannequin. Lorsqu’elle se lance dans cette seconde activité alors qu’elle est en première année de licence de mathématiques appliquées à l’Université Paris-Dauphine, cela ne doit être qu’un job étudiant. Recrutée par l’agence IMG Models qui représente les intérêts des mannequins les plus cotés de la planète, elle se voit pourtant propulsée sur les podiums et défile pour de grands noms de la mode comme Hermès, Victoria Beckham ou Dries Van Noten. Loin d’abandonner les mathématiques, elle suit ses cours à distance, développe ses compétences en code et en intelligence artificielle, et imagine des logiciels pour les agences de mannequins. En deuxième année de master, le stage de recherche qu’elle effectue à l’École des MINES ParisTech en intelligence artificielle appliquée aux images et notamment en génération de nouveaux visages virtuels, lui donne envie de franchir le pas et de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Après avoir développé un premier prototype de logiciel aux États-Unis, elle rentre en France en 2019 pour créer Eva Engines avec David Zerah qu’elle a rencontré sur les bancs de Dauphine.

« Lorsque nous avons créé notre start-up en août 2019, notre objectif était de faciliter le recrutement de mannequins grâce à l’utilisation de la reconnaissance faciale et de l’intelligence artificielle. Nous avons développé un logiciel destiné aux professionnels de l’industrie de la mode leur permettant de trouver des mannequins en quelques clics en parcourant des centaines de milliers de profils », explique Céline Delaugère qui a été accompagnée par les équipes d’X-UP, l’incubateur de l’École polytechnique, de septembre 2019 à février 2020. « Notre incubation à l’X nous a beaucoup aidés car ni David, ni moi n’avions suivi de formation à l’entrepreneuriat. Nous souhaitions juste répondre à un besoin mais c’est grâce à l’accompagnement dont nous avions bénéficié que nous avons compris tous les enjeux du marché, défini notre cible et notre stratégie marketing », poursuit-elle. Dans le cadre de leur séjour à l’X, Céline Delaugère et David Zerah ont aussi bénéficié du programme de soutien financier X-Grant, financé par la Fondation de l’École polytechnique, qui a pour objectif de valoriser et d’encourager de jeunes start-up prometteuses incubées au sein d’X-UP. « Lorsque nous avons lancé Eva Engines, nous avions un capital social de départ de seulement 1 000 €. La dotation financière de 20 000 € que nous avons reçue dans le cadre du programme X-Grant nous a permis de développer notre projet et de prétendre à d’autres dispositifs de soutien », témoigne Céline Delaugère.

Après plusieurs mois d’incubation, la start-up est en pleine phase de croissance lorsque survient la crise du Covid-19 qui pousse ses fondateurs à rebondir et à revoir leur proposition de valeur. Durant la période de confinement, ils ont alors exploité les GANs (Generative Adversarial Networks) qui permettent de générer des images avec un fort degré de réalisme, pour développer en complément du premier, un second logiciel à destination des marques. L’objectif : utiliser le digital pour permettre aux designers de visualiser leurs futurs vêtements sans recourir à des prototypes, et ainsi leur permettre de réduire leurs coûts et leur empreinte environnementale. Depuis juin 2020, Eva Engines suit le programme d’accélération de la Maison des Startups du groupe LVMH et vient d’entamer une phase de preuves de concept avec des marques internationales pour tester et construire sa technologie. Prochaine étape : lever des fonds pour accélérer son développement.

>> Pour en savoir plus, écoutez l’entretien que Céline Delaugère a accordé à Sigma, le poadcast de l’École polytechnique

 

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