Rencontre avec Bérengère Lebental et Laurence Bodelot

Laurence Bodelot et Bérengère Lebental sont les porteuses du projet «Environnements intelligents: nanocapteurs et nanofiabilité» soutenu par la Campagne. Rencontre avec ces chercheuses de talent à l’initiative d’un projet impactant.
Rencontre avec Bérengère Lebental et Laurence Bodelot
21 déc. 2016
Projet

Bérangère Lebental et Laurence Bodelot, porteuses du projet "Environnements intelligents : nanocapteurs et nanofiabilité". 
L’une est spécialiste en mécanique, l’autre en physique. L’X est votre point de rencontre. Racontez-nous vos parcours.
Laurence Bodelot (LB) : Après une thèse en mécanique expérimentale à Lille, j’ai réalisé un post doctorat à Caltech pendant 3 ans. Je suis ensuite arrivée en 2012 à l’École polytechnique en tant que maître de conférences et chercheuse. Je travaille sur les matériaux intelligents au département de mécanique des solides. J’ai rencontré Bérengère à l’X en 2014, en répondant à un appel à projets du Labex NanoSaclay sur la nanofiabilité. 
Bérengère Lebental (BL) : Issue de la promotion X 2003, j’ai poursuivi mon cursus par deux Masters de l’École polytechnique, l’un en Physique de la matière condensée et l’autre en Nanotechnologies. Après un doctorat réalisé au CEA/LETI sur les nanocapteurs immergés dans les matériaux de construction, je travaille actuellement à l’IFSTTAR, l’Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux, et à mi-temps au Laboratoire de Physique des Interfaces et Couches Minces (LPICM) de l’X. 
En quoi votre projet consiste-t-il ?
LB : Nous travaillons sur la reproductibilité et la fiabilité des nanocapteurs. Ces derniers ont la capacité de révolutionner le monde, mais il n’existe pas de preuves concrètes qu'ils puissent fonctionner de façon fiable en environnement réel. Notre objectif est ainsi d'aller au-delà de la simple preuve de concept et de garantir leur applicabilité et leur fiabilité en situation urbaine. Pour cela, nous allons chercher à caractériser finement le nanocapteur et à simuler un environnement réel en laboratoire, grâce à la plate-forme PLATINE que nous avons créé spécifiquement.
Et en quoi est-il innovant ?
BL : Peu d’équipes développent encore aujourd’hui des preuves de concept applicatives sur les nanocapteurs, car le chemin est particulièrement difficile. Encore moins d'entre elles s’attaquent à la fiabilité, car cette thématique nécessite une forte multidisciplinarité, difficile à mettre en place. Laurence et moi-même avons réussi à mettre à profit nos parcours et formations complémentaires, notamment en  mécanique et en physique. Un chimiste, Gaël Zucchi, au LPICM, nous a également rejointes. L’X nous a offert en cela une longueur d’avance grâce à la richesse thématique de son Centre de recherche.
A quoi servent ces nanocapteurs ? 
BL : Les champs d’application sont extrêmement larges. Les nanocapteurs peuvent permettre de mesurer la pollution de l’air, la qualité de l’eau ou encore le vieillissement des matériaux de construction. A l’échelle de la ville, notre travail sur les nanocapteurs va permettre de la rendre plus intelligente, plus saine et plus durable.
Comment testez-vous concrètement la fiabilité de ces nanocapteurs ?
BL : A l’École polytechnique, nous développons et testons en conditions contrôlées nos technologies avec la plateforme (expérimentale et numérique) PLATINE, que nous avons spécialement conçue à cet effet. Puis nous transférons ces nanocapteurs dans le « quartier laboratoire » Sense-city. Par exemple, les premiers nanocapteurs que nous avons réalisés avec Laurence ont été implantés dans la dalle en béton d’une des maisons de Sense-city afin de mesurer sa déformation au cours du temps. Deux ans après, ils fonctionnent toujours ! La preuve que notre projet a de l’avenir.
Qu’est-ce que les dons de la Campagne vont vous permettre d’atteindre ?
LB : La Campagne est un tremplin essentiel. La première étape consiste à amplifier la plateforme PLATINE actuelle pour qu'elle devienne la référence internationale sur la nanofiabilité. Il nous faut également créer de nouveaux nanocapteurs. Cela passe par l’accueil de professeurs étrangers de renom et le recrutement d’étudiants venant de grandes universités internationales. Enfin, nous travaillons beaucoup au transfert technologique de nos travaux, avec un projet de start-up déjà en cours et un second en préparation.
Si vous aviez un mot pour les donateurs ? 
BL : Avec cette initiative, vous pouvez nous aider à imprimer une marque indélébile dans un champ de la recherche encore vierge, tout en contribuant à des travaux qui auront un impact direct sur votre qualité de vie. 
 
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