CHOLESKY André (X1895)

CHOLESKY André (X1895)
08 fév. 2010
Patrimoine, Polytechniciens en 14-18

Né le 15 octobre 1875 à Montguyon (Charente-Inférieure) Décédé le 31 août 1918 à Bagneux (Aisne) - Mort pour la France

Promotion X1895 Grade le plus élevé atteint au cours de la carrière : chef d’escadron (artillerie)

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André-Louis Cholesky naît à Montguyon le 15 octobre 1875 dans une famille de restaurateurs. Après l’obtention de son baccalauréat à Bordeaux le 24 juillet 1893, il réussit le concours d’entrée à l’X deux ans plus tard. Il y effectue une scolarité relativement bonne qui transparait dans son classement qui ne cesse de s’améliorer. Entré 87e, il sort de l’X au 38e rang de sa promotion de 222 élèves en 1897. Il opte alors pour l’artillerie et part à l’Ecole d’application de l’Artillerie et du Génie pour se former à cette spécialité. Il en sort 5e sur 86 élèves avec le grade de lieutenant et est affecté au 22e régiment d’artillerie le 1er octobre 1899. Avec cette unité, il effectue deux missions en Tunisie [2] et une autre en Algérie [3].

A la section géodésique de l'armée
Le 24 juin 1905, le lieutenant Cholesky est affecté à la section de géodésie du service géographique de l’Armée tout en conservant son affectation régimentaire. Il s’y fera rapidement remarquer par son ingéniosité, l’originalité de ses idées et par ses facilités dans les activités mathématiques. A cette période où la révision de toute la triangulation française est décidée, il imagine un procédé de calcul novateur : la "méthode de Cholesky" [4] qui rend alors de grands services. A partir de novembre 1907, il participe à l’élaboration de la carte de la Crète, occupée alors par des troupes internationales. Le colonel Lubanski, commandant des forces françaises charge alors trois officiers français de réaliser des études topographiques dans les secteurs français et anglais de l’île. Cholesky en fait partie et achève sa mission le 15 juin 1908. Le 25 mars 1909 il est promu capitaine et est réaffecté en conséquence au 27e régiment d’Artillerie. A son retour de Crête, il est toutefois obligé de reprendre ses fonctions d’officier d’artillerie. Il les exerce remarquablement jusqu’en 1911 au sein du 13e régiment d’Artillerie où, à partir du 28 août 1909, il commande la 8e batterie. Parallèlement, depuis 1909 jusqu'en 1914, il participe à l'enseignement à distance de l'école spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie. Après cette période intermédiaire de sa carrière, il est rattaché à l’Etat-major particulier de l’Artillerie le 24 septembre 1911 où il est intégré une nouvelle fois à la section géodésique. Il est alors envoyé en Algérie et en Tunisie pour y diriger des travaux de nivellement de précision et est chargé, en parallèle, de réfléchir à la réalisation de ces mêmes travaux au Maroc. Le 25 mai 1913, il est mis à la disposition du ministre des Affaires Étrangères pour être nommé chef du service topographique de la Régence de Tunis. Il n’a cependant pas le temps d’y mettre en œuvre ses projets car il est rattrapé par la guerre.

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Un artilleur d'exception
A la mobilisation, le capitaine est affecté au 7e groupe d’artillerie à pied de Bizerte au sein du 16e régiment d’Artillerie de Campagne d’Issoire. Rapidement, il est toutefois transféré au 23e régiment d’Artillerie de Sommes-Suippes, dans la Marne où il arrive le 23 septembre 1914. Il y prend alors le commandement du 3e groupe dont l’ancien chef vient d’être évacué puis de la 9e batterie à partir du 18 octobre, lorsque le chef d’escadron Gérard rejoint le 23e RA. Ses qualités y sont remarquées aussi bien pour l’organisation de son unité, la gestion de son intendance ou ses qualités d’observateur. Sa citation à l’ordre de l’armée, Le 21 décembre 1914, laisse également transparaître les qualités et le dévouement dont il fait preuve sur le terrain: «Envoyé le 8 octobre auprès du lieutenant-colonel directeur des attaques du 83e pour lui indiquer le moment où l’attaque pouvait se déclencher. Sa mission terminée est resté volontairement auprès de l’officier supérieur pour lui servir d’adjoint et, sous un feu intense, a fait ce service jusqu’au lendemain neuf heures dans nos tranchées et dans les tranchées ennemies dont on venait de s’emparer. Officier d’artillerie exceptionnellement doué, dont les multiples observations ont puissamment contribué depuis un mois à donner à notre artillerie une supériorité complète sur l’artillerie ennemie.». Le 3 janvier 1915, il est détaché auprès du général commandant de l’artillerie 17e corps auprès de qui il est chargé de la réalisation du plan directeur de tir du 17e corps d’armée et de la direction de l’observation du tir. A la fin du mois, il est transféré au service géographique de cette unité et s’y fait à nouveau remarquer. Le 11 février il est affecté au Service Géographique de l’Armée et est envoyé au Détachement d’Armée des Vosges quatre jours plus tard. Il y collabore alors avec le chef du groupe des canevas de tir à qui il apporte ses vastes connaissances techniques. Il semble alors être l'un des officiers qui prend le plus conscience de l’importance du rôle de la géodésie et de la topographie pour l’artillerie et rédige de nombreux textes d’instruction en conséquence. Le 3 avril, il passe au groupe de canevas de tir de la 7e Armée et en prend la tête en juillet 1916, en pleine bataille de Verdun, en remplacement du capitaine Perrier. Dans sa fiche de notation, on met toutefois le nouveau chef de service en garde contre sa «tendance à l’originalité et au paradoxe». Le 10 avril 1915, il a entre temps été élevé à la dignité de chevalier de la Légion d’Honneur.

La mission française en Roumanie
Le 25 septembre 1916, Cholesky est désigné pour faire partie de la mission militaire française en Roumanie. Il y est alors nommé directeur technique du service géographique, fonction dans laquelle il fait preuve de la plus grande application. Lors de son passage, il optimisela production de sa structure malgré les conditions de travail peu aisées. Le 6 juillet 1917, il est promu chef d’escadron suite à sa recommandation par le général Berthelot. Il revient en France en février 1918. Le 5 juin 1918, il rejoint sa dernière affectation: le 202e régiment d’Artillerie de Campagne. Trois mois plus tard, le 31 août 1918, il meurt des blessures qu’il a subies sur le champ de bataille dans les environs de Bagneux. Une dernière citation à l’ordre de l’Armée datée du 12 octobre 1918 témoigne de son état d’esprit volontaire et déterminé: «Officier de la plus haute valeur par la science, son mépris absolu du danger et le haut exemple donné à tous. A imprimé à son groupe une impulsion irrésistible. Tué à son poste de combat.». D’abord inhumé dans le cimetière militaire de Chevillecourt, près d’Autrêches, il est transféré à la Nécropole Nationale de Cuts, dans l’Oise à la fin de l’année 1921. Il y repose toujours aujourd’hui [5]. Ses compétences ont été saluées par diverses récompenses et distinctions telles que la croix de guerre avec palmes, le grade d’officier de l'ordre Steaua României pour les services qu’il a rendus en Roumanie, ou encore celui, tunisien, d’officier du Nicham Iftikhar, pour son passage en Afrique du Nord à la veille de la Grande Guerre.


Sources et bibliographie
• Archives de l’École polytechnique, Dossiers X1A (1895) et Fonds particulier André-Louis Cholesky (1895). • Bulletin de la SABIX, N°39, André-Louis Cholesky, 2005. • Dossier personnel de bénéficiaire de la Légion d’Honneur en ligne dans la base Leonore, cote LH/530/47. • Service Historique de la Défense, Dossier individuel, Cote 126454.


Notes
[1] Remerciements: Emmanuel Dubail [2] La première entre le 17 janvier et le 27 juin 1902, puis la seconde entre le 21 novembre 1902 et le 1er mai 1903. [3] Du 31 décembre 1903 au 6 juin 1904. [4] Par la suite, cette dernière sera à la base de l’invention des ordinateurs. [5] Sur sa tombe est cependant mentionné le prénom d’ «André-René» à la place du sien. Dans son livret matricule, «René» est mentionné comme étant son surnom.

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