DECAUX Bernard (X1920S)

DECAUX Bernard (X1920S)
06 fév. 2010
Patrimoine, Polytechniciens en 14-18

Né le 6 novembre 1899 à Lisieux (Calvados) Décédé le 8 février 1981 à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine)

Promotion X1920S Grade le plus élevé atteint au cours de la carrière : capitaine de réserve (artillerie)

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Fils d’un docteur en médecine, Bernard Decaux naît à Lisieux le 6 novembre 1899. C’est dans cette ville qu’il commence ses études et où il se fait déjà remarquer. Rapidement, il rejoint le collège Louis-le-Grand avant de préparer son baccalauréat au lycée de Caen. A côté de cela, il s’initie à la science grâce à son père et son grand-père, mais également avec ses amis. Pour exemple, en 1911, à l’âge de 12 ans, il aurait d’après ses dires construit un aéroplane avec un de ses proches, Henri Foussard. En 1913, il apprend le morse en déchiffrant des quantités de bandes de télégrammes abandonnées par un bureau de poste proche de la plage où il passe ses vacances.

La Grande Guerre
Faisant partie de la classe 1919, il est appelé au service armé tardivement afin de pallier à la diminution des moyens humains de l’armée française à la fin de la guerre. Il est mobilisé le 16 avril 1918 dans son canton de Lisieux et est affecté au 22e régiment d’Artillerie de Campagne. A partir du 20 juin 1918 il suit une formation au sein du groupe d’artillerie de campagne N°4 de Joigny. Le 29 juin, à l’issue de cette dernière, il est réaffecté au 30e RAC mais ne rejoint pas son corps car il suit alors les cours d’élèves aspirants au cours desquels il s’illustre, sortant 20e sur 1261 élèves. A l’issue de cette nouvelle période d’instruction il est rattaché au 222e régiment d’Artillerie de Campagne. Le 1er octobre 1918 il y est promu brigadier. En réalité, ce n’est que le 4 janvier 1919 que Bernard Decaux est dirigé aux armées. Il y reste jusqu’au 1er juin, date à laquelle il rejoint l’Ecole Militaire de l’Artillerie. Le 24 octobre 1919 il est promu aspirant et transféré au 54e RAC. Un mois plus tard, le 27 novembre, change une fois de plus d’unité et passe au 34e RAC. Le 15 octobre 1920, promu sous-lieutenant de réserve. Par la suite, il est une nouvelle fois affecté au 54e RAC [1] le 31 juillet 1921 mais il a surtout posé sa démission de l’armée d’active.


L'entrée à l'X
Une fois la guerre achevée, le jeune officier a en effet décidé de reprendre ses études et a tenté le concours d’entrée à l’École polytechnique. Il le réussit, faisant alors partie de la promotion 1920S, regroupant les élèves ayant pris part à la Grande Guerre. Malgré l’obtention d’une 70e place honorable à l’entrée, il suit une scolarité moyenne et ne sort que 217e sur 234 élèves en 1922. Le 15 octobre 1922, il est également promu lieutenant. Il entre alors à l’École Supérieure d’Électricité où il obtient le diplôme d’ingénieur l’année suivante. A l’issue de cette formation il se marie avec Geneviève Béra le 18 juillet 1923 [2].

La mesure du temps
Après quelques mois passés à la compagnie française Thomson-Houston, il entre à l’Établissement central du Matériel de la Radiotélégraphie militaire. Dès 1924, il y est initié à la mesure de fréquence et de temps par Raymond Jouaust. Sa carrière professionnelle, c’est aux côtés du général Ferrié qu’il la mène dans un premier temps, et plus particulièrement au Laboratoire national de radioélectricité [3] fondé en 1926. Il y crée alors le premier service de mesures de fréquences absolues en France en 1928. Au cours des quarante années suivantes, il est parvenu à améliorer la précision de ces mesures qui passent de l’ordre du dix-millième à celui du millionième de millionième. Pour cela il utilise des horloges à quartz puis, dès leur invention au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d’horloges atomiques. En 1934, il entre au Comité national français de radioélectricité scientifique. Au cours sa carrière, le physicien a principalement étudié la mesure des fréquences du temps. Il a également rapidement partagé ses connaissances en devenant professeur à l'École nationale supérieure des télécommunications puis à l’Ecole supérieure d’électricité en 1931. Il est durement marqué par la Seconde Guerre mondiale. Le 6 juin 1944, sa maison est détruite et, le lendemain, son père est tué par les bombes américaines. Il prend sa retraite et quitte ses fonctions d’ingénieur en chef des télécommunications en 1965. A côté de cela, il a exercé les fonctions de conseiller scientifique du Centre national d’études des télécommunications, de conseiller technique du Bureau international de l'heure, président d’honneur [4] de l’Union radioscientifique internationale voire même de consultant à l’UNESCO. Le 7 février 1966, il est élu à l’Académie des Sciences dans la section Géographie et Navigation [5]. Il a également été président de la Société chronométrique de France, du Comité national français de radioélectricité et de la Société française des électroniciens et des radioélectriciens. Il décède le 8 février 1981 à Issy-les-Moulineaux.


Sources et bibliographie
• Archives de l’École polytechnique, Dossier VI2A2 (1920S) et fonds privé Ferrié, Jouaust, Decaux.

Notes
[1] Ce sera sa dernière affectation. Par la suite il y effectuera plusieurs périodes d’exercices et a été promu lieutenant le 15 octobre 1922 puis capitaine de réserve le 25 décembre 1934. [2] De leur union naîtront six enfants. [3] Par la suite, ce dernier sera pris en charge par le Centre national d’études des télécommunications. [4] Il exerce cette fonction à partir de 1966. Auparavant il était président de commission entre 1954 et 1960 puis vice-président. [5] En 1976, il y est transféré dans la nouvelle section des «sciences de l’univers».

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