De la philosophie pour penser l’intelligence artificielle

François Levin vient de recevoir le Prix Michel Serres de thèse interdisciplinaire 2025 pour son doctorat réalisé au Laboratoire interdisciplinaire de l’X (LinX*). Sa thèse s’intitule « L’intelligence artificielle au défi de ses critiques philosophiques ».
17 Juil. 2025
Recherche, Prix et Distinctions, LINX

L’IA concentre beaucoup d’attention, de promesses mais aussi de critiques. Parmi tous ces discours, il est parfois difficile d’y voir clair. Dans sa thèse menée sous la direction du philosophe Michaël Fœssel, François Levin utilise l’approche philosophique pour penser nos relations avec cette technologie. Il a reçu pour cela le Prix Michel Serres de thèse interdisciplinaire 2025.

Avant son doctorat, François Levin a été rapporteur au Conseil national du numérique, où il a activement contribué au rapport Villani sur l’intelligence artificielle (2018), document de référence pour la stratégie nationale en IA. Son parcours illustre un engagement constant pour une approche critique, transversale et engagée des enjeux numériques contemporains.

Dans son travail, il tente d’abord de comprendre comment les discours critiques de l’intelligence artificielle, qui remettent en cause les discours dominants élogieux, s’inscrivent dans deux cadres de philosophie des techniques. 

D’un côté la critique qui voit le développement de ces technologies comme une des conséquences d’un changement des modes de gouvernance, où la sécurité, le contrôle, la surveillance prennent plus de place. Ce paradigme est notamment nourri par les travaux de Michel Foucault. 

L’autre paradigme (avec les travaux de Martin Heidegger par exemple), voit dans ces technologies le triomphe du calcul, où l’automatisation de notre monde va toujours plus loin. Cela nous ferait perdre ce qu’il y aurait d’« incalculable » dans notre rapport aux choses et nous déposséderait d’une partie de nos capacités.

François Levin dessine les limites de ces deux paradigmes à capter la totalité de ce que recouvre l’IA. En mobilisant les réflexions de Gilles Deleuze ou encore Félix Guattari, il tente de montrer ce qu’il pourrait y avoir d’altérité, du décentrement, d’ouverture grâce à l’IA. Sans nier les critiques, il s’agit d’analyser son potentiel émancipateur.

Si la philosophie se transforme au contact des technologies IA, elle peut, en retour, éclairer et guider leur développement.

 

*LINX, un laboratoire École polytechnique, Institut Polytechnique de Paris, 91120 Palaiseau, France

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