Prévenir les dépressions financières grâce à la narration

Prévenir les dépressions financières grâce à la narration
14 avr. 2020
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Prévenir-les-dépressions-financières-grâce-à-la-narrationEn élargissant le cadre des modèles économiques classiques pour intégrer les interactions entre foyers, les boucles de rétraction, ainsi que la notion de confiance, Federico Morelli, Marco Tarzia, Jean-Philippe Bouchaud et Michael Benzaquen, chercheur CNRS au Laboratoire d’hydrodynamique de l’X*, professeur à l’École polytechnique et porteur de la chaire « Econophysics & Complex Systems », ont été capables de rendre compte des irrégularités observées pendant la crise financière de 2008. Ces travaux ont été publiés le 10 avril dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

Actuellement, le modèle classique d'équilibre général stochastique dynamique (DSGE) est toujours utilisé comme référence en matière de décision dans la politique monétaire. Avec pour principe la généralisation du comportement d’un seul foyer choisi comme représentatif du comportement global, ce modèle s’est révélé incapable de modéliser ou de faire face à la crise de 2008

En intégrant l’influence des foyers les uns envers les autres et en s’inspirant de méthodologies issues de la physique, le modèle proposé par les quatre chercheurs dans ce travail est plus réaliste. Avec les paramètres adéquats, il peut simuler des fluctuations fortes à partir de variations mineures des conditions économiques qui sont amplifiées par les interactions. Ces boucles de rétroaction entre foyers montrent en outre des scénarii aux conséquences très variées, soulignant ainsi l’impossibilité d’estimer avec certitude les risques extrêmes.

La confiance des foyers apparaît ainsi comme un levier primordial pour agir sur la consommation. Cette étude met en avant la possibilité d’intégrer l’utilisation de récits dans les politiques monétaires, afin de rétablir la confiance avant son effondrement et ainsi prévenir des crises de grande ampleur. Ce nouveau modèle pourra peut-être être utilisé pour la compréhension de la crise financière que nous traversons actuellement à cause du Covid-19. 

 

A propos de la chaire CFM « Econophysics & Complex Systems »

La chaire CFM « Econophysics & Complex Systems » vise à développer des outils pour comprendre la dynamique des systèmes économiques en s’affranchissant des modèles très théoriques utilisés d’ordinaire dans cette discipline. Portée par Michael Benzaquen, chercheur CNRS et enseignant à l’École polytechnique de l’Institut Polytechnique de Paris, cette chaire ambitionne d’utiliser une approche analytique issue du domaine de la physique statistique pour étudier les comportements agrégés en présence d’interactions, hétérogénéités et boucles de rétroaction. Depuis 2018, ces recherches sont rendues possibles grâce au soutien du mécène Jean-Philippe Bouchaud, président de Capital Fund Management (CFM), l’un des plus importants fonds d’investissement français. CFM met ainsi à disposition ses infrastructures et ses données pour enrichir les modèles développés par l’équipe de Michael Benzaquen.

*LadHyX, une unité mixte de recherche CNRS – École polytechnique

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