Synaplus : Démocratiser et accélérer l'adoption de l'IA

Michel Bastide, CEO de la start-up Synaplus a travaillé dans la transformation par l'informatique (ou par l’IT) pendant plus de 30 ans avant de rejoindre Synaplus en 2018 spécialisée dans la technologie de l’intelligence artificielle. Il partage son expérience entrepreneuriale, ses challenges, ses objectifs et ses ambitions.
Synaplus : Démocratiser et accélérer l'adoption de l'IA Synaplus : COsMO Engine
26 Sep. 2022
Campus, Entrepreneuriat, Entreprise, Innovation, IA et Science des données, Technologies, Informatique

L'ENTREPRENEURIAT

Des KPIs importants ? Au quotidien, Michel Bastide suit le chiffre d'affaires comme un KPI à mettre en avant car la deeptech se développe sur fonds propres. Synaplus travaille en partenariat avec des clients depuis le début pour se financer. Le deuxième KPI à mentionner est le nombre de nouveaux clients par an. Il y a deux choses importantes lorsque vous créez un logiciel, c’est à la fois de garder vos clients (facteur de confiance et de récurrence) et d’en gagner de nouveaux (facteur d’attractivité et de développement).

Des conseils pour la Promo #14 accompagnée au sein de l’incubateur de l’École polytechnique ? Selon Michel Bastide, la chose la plus importante en tant que CEO d'une deeptech est d’être à l’écoute du marché et d’adapter la stratégie aux besoins de ce marché (pivot, mutation). Cette écoute du marché doit être accompagnée de beaucoup de lucidité ; il faut se remettre en question en permanence, à la fois sur soi-même et ses compétences et à la fois sur le produit ou le service proposé. In fine, le marché ne sera pas celui prévu initialement. De ce fait la qualité complémentaire est d'avoir de la ténacité ; il faut insister et ne pas abandonner : « votre produit ou service n’a pas l’impact ou l’acceptation que vous espériez. Il faut en permanence s’ajuster, il faut muter, muter, muter… ».

Lorsque cet ajustement produit ou service avec le marché est prouvé (pour une deeptech cela peut prendre 8 ans comme pour Synaplus), il va être important de trouver les ressources pour financer la conquête.

En France, dans le cas d’une deeptech qui n’est pas issue de la recherche académique, la difficulté sera plutôt le financement de la longue période de R&D et de validation du marché, et le risque de dilution du capital trop précoce (car mal valorisée à ce stade).

 

LA DEEPTECH : SYNAPLUS

Synaplus a été créée au tout début 2014 par Charles-Antoine Giuliani, Président fondateur & CTO, ancien élève de l'Ecole polytechnique (X94). Aujourd’hui la taille de l’équipe est de 10 personnes et cherche à recruter :

  • 1 Manager de l’activité commerciale
  • 2 Business Developper
  • 2 à 4 Consultants en datascience

En même temps, ils se préparent à lever des fonds après avoir obtenu la validation du marché par l’acquisition de grands clients, car l'ambition est de conquérir le marché mondial. Synaplus est principalement en concurrence avec des entreprises américaines, technologiquement moins avancées mais dont la valorisation se situe entre 4 et 40 milliards d'euros.

« Notre vision à 2 ans est de structurer Synaplus pour l’amener sur une scène mondiale ».

Les objectifs clés de la start-up :

  • La conquête du marché européen dans les deux années qui viennent
  • En 2024, Synaplus a prévu de faire une deuxième levée de fonds pour la conquête de l’Amérique du Nord

De plus, Synaplus fait partie de l’EIC Accelerator (step 1), un ambitieux programme européen de financement destiné aux entreprises innovantes.

 

LE PRODUIT SYNAPLUS : COsMO Engine

L’IA permet d’optimiser tous les processus métiers de l’entreprise ; chaque entreprise a un potentiel de plusieurs centaines de projets d’IA à mener. Pour ce faire les entreprises devront embaucher des centaines de data scientist à court ou moyen terme ; une situation insoutenable d'un point de vue financier et opérationnel. C'est l'une des raisons pour lesquelles Synaplus a entrepris de développer COsMO Engine, le logiciel qui automatise l'IA par l'IA.

« COsMO Engine est le moteur d’IA prenant en charge toutes les opérations de votre projet datascience ».

Après 8 ans de R&D, l’équipe a créé un système d’exploitation pour l’IA et un logiciel COsMO Engine qui s’appuie sur ce système, pour automatiser à peu près n’importe quel processus métier à partir des données dont disposent les clients. Cela permet de réaliser un projet de datascience en quelques jours ou semaines au lieu de plusieurs mois ou années. Et cela peut être utilisé sans être un expert ; car COSMO Engine est une solution no-code.

« Ce n'est plus la peine de nettoyer les données, c’est la machine qui fait cela. Ce n’est plus la peine de faire l’agrégation des données, ce n’est plus la peine de connaitre les algorithmes, c’est la machine qui les choisit et les entraîne. La compétence humaine se concentre sur la compréhension des besoins métiers, sur les données à utiliser, et surtout sur la validation des résultats apportés par COsMO Engine ».

Cette validation est d’autant plus à valeur ajoutée que Synaplus a réussi à la rendre encore plus transparente que les pratiques actuelles : non seulement COsMO est beaucoup plus rapide, mais il trace et reporte sur tous ses calculs et opérations, et il est capable de présenter les résultats avec un très fort niveau de justification (feature importance par observation, simulation de variable, stabilité des modèles, etc…) afin d’en faciliter la validation humaine.

« Nous avons réussi à développer l’Excel de l’IA (COsMO Engine) et le Windows de l’IA (AioS) et cela a un potentiel énorme ».

Pour les prochaines années, l'équipe continuera à faire de la R&D dans le but de développer l'architecture permettant de traiter tous les types de données d'une entreprise (textes, images, vidéos, etc...) de manière corrélée et en temps réel.

 

7 SEMAINES

C’est le temps entre le moment ou un client leur dit « j’ai un besoin » et la finalisation du projet datascience prêt à être exploité en production. La durée de ce type de projet est normalement entre 3 mois et 2 ans. Synaplus se positionne donc comme un important changemaker dans l’IA. Cela n’existe pas sur le marché, c’est une révolution !

Chaque semaine (pendant les 6 premières), l'objectif est d'affiner les besoins métiers du client et, à partir des données qu'ils ont récupérées, ils montrent au client s'il peut trouver une réponse à ses questions dans les données. Pour ce faire, un atelier/entretien est organisé une heure par semaine.

La dernière semaine, ils font un packaging pour que le client puisse utiliser l’outil en production ; si le client souhaite une intégration par API, il faut compter un mois supplémentaire pour la développer et la mettre en forme coté client (aucun développement coté Synaplus).

Ce processus projet en 7 semaines fait partie des offres de service de Synaplus, et s’appelle Proof of Value (PoV). Les autres services sont :

  • Atelier d’idéation. Il s’agit de contribuer à l’acculturation du marché, en aidant le client à identifier le potentiel de l’IA et de ses applications dans son contexte métier
  • Suivi de production. C’est l'étape qui suit la réalisation du projet datascience, et qui permet de suivre le « produit d’IA » en production (MCO, gestion du drift de modèles, ré-entraînement, gestion des demandes de changements) en SaaS ou On Premise
  • Programme IA. Programme de transformation par l’IA pluri-annuel, permettant au client de réaliser la mise en place de nombreux projets d’IA en production par an et de s’autonomiser (engagement forfaitaire de X projets en production par an pour un budget fixe)

 

X-TECH

La première raison pour avoir intégré le dispositif X-TECH en 2021 est d'avoir un conseil scientifique avec des personnalités issues des grands laboratoires comme l'INRIA ou Télécom Paris. La présence sur le Plateau de Paris - Saclay rapproche Synaplus de la recherche institutionnelle, qui souhaite toujours coopérer afin d'apporter de nouvelles technologies.

Ensuite, le dispositif d'accélération X-TECH leur a permis de rencontrer des fonds/investisseurs lors du Demo Day en décembre 2022.

Enfin, Synaplus veut faire partie de l'écosystème de Paris-Saclay en termes d'ADN, d'image et de storytelling pour l'avenir.

 

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE

Les tendances du secteur ? Le sujet d’actualité est la normalisation de l'IA, en réalisant que l'IA va intervenir partout. En même temps, il y a une grande tendance liée au contrôle des usages de l'IA, ce qu'on appelle l'IA éthique. En particulier dans la santé, les fake news,etc... La dernière tendance la plus importante concerne la confiance que nous pouvons accorder à l'IA.

« En fait, on ne se rend pas compte, mais en termes de révolution, l’IA est plus importante que l’apparition du feu ou de l’électricité – dixit le président de Google. Sauf qu’on ne le voit pas encore et qu’on ne le comprend pas. On est à la préhistoire de l’IA ».

La France Digitale suit de près tous les travaux et conseille même sur les lois qui sont en cours au niveau de l’AI Act (en préparation). L’objectif est de le faire évoluer dans le bon sens pour les start-up & deeptech françaises du domaine.

« On est en train de passer de l’IA, un produit de luxe, à l’IA, une commodité. Synaplus participe à démocratiser l’IA ».

L’écosystème ? Les salons annuels les plus importants pour Synaplus sont le WAICF, qui a lieu à Cannes en février, et Global Industrie, qui a lieu à Paris en mai.

 

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