Valéry Giscard d’Estaing, le dernier président Polytechnicien

Valéry Giscard d’Estaing, le dernier président Polytechnicien
03 déc. 2020
Institutionnel

 

Valéry Giscard d'Estaing à l'X

Avec la disparition de Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020) s’éteint pour l’heure la lignée des présidents de la République française polytechniciens. Sous son septennat, l’École polytechnique a connu de profondes transformations qui lui ont permis d’accompagner celles de la société française mais aussi de s’insérer dans un monde globalisé.

C’est sous son mandat, qu’est intervenue l’installation de l’École sur le plateau de Saclay à Palaiseau, faisant de l’X un établissement pionnier de ce qui allait devenir un des grands clusters mondiaux de la recherche et de l’innovation, incluant aujourd’hui le campus de l’Institut Polytechnique de Paris. Valéry Giscard d’Estaing s'était rendu sur les nouveaux locaux de l’École en octobre 1975, pour apaiser les débats que ce transfert avait occasionnés.

C’est aussi sous son mandat que la réforme du statut de l’École polytechnique adoptée en juillet 1970 a été pleinement mise en œuvre. Pour accompagner les nouveaux besoins d’un pays encore en forte croissance, la mission de l’École devient alors de « donner à ses élèves une culture scientifique et générale les rendant aptes à occuper, après formation spécialisée, des emplois de haute qualification ou de responsabilité à caractère scientifique, technique ou économique, dans les corps civils et militaires de l’Etat et dans les services publics et, de façon plus générale, dans l’ensemble des activités de la nation ».

Si le mandat de Valéry Giscard d’Estaing a été marqué par le double choc pétrolier de 1973 et 1979 et l’entrée dans une crise économique durable, il a aussi été celui d’une libéralisation des activités économiques, de leur ouverture à l’international et de la poursuite de grands chantiers industriels et d’infrastructures avec notamment l’intensification du programme nucléaire, la modernisation du réseau téléphonique ou le développement des liaisons ferroviaires à grande vitesse.

Comme en écho aux grandes réformes sociétales de son septennat, tout particulièrement en matière de droit des femmes, c’est aussi sous son mandat qu’ont été diplômées les premières polytechniciennes après l’ouverture du concours aux femmes en 1972.

Engagement européen et foi dans la science

Profondément convaincu du destin nécessairement européen de la France dans un monde globalisé, l’initiateur du G7, avait effectué sa dernière visite à l’École polytechnique le 2 décembre 2014 pour échanger avec les élèves et présenter son plaidoyer pour un sursaut européen : « Europa, la dernière chance de l’Europe ».

Il avait alors souligné l’importance que l’École, sa formation et son esprit de camaraderie avaient revêtu pour lui et appelé son auditoire à relever les défis du XXIe siècle.

« L’École polytechnique, à laquelle je dois les meilleurs souvenirs de ma formation (…) est celle à laquelle je suis redevable de ce que j’ai accompli par la suite », avait déclaré l’ancien président dans son discours liminaire. « Parce que c’est une École scientifique et que l’esprit humain, finalement, au total, progresse par la science, parce que c’est une École démocratique par la rigueur de son concours, parce que c’est une école égalitaire par le port de son uniforme », avait-il ajouté.

« Vous êtes Polytechniciens, le seul groupe que j’ai jamais tutoyé car je ne l’ai jamais fait avec le monde politique. Le groupe des polytechniciens, c’était un groupe que je respectais, dont je faisais partie et qui m’était en quelque sorte proche », avait poursuivi Valéry Giscard d’Estaing.

Il avait aussi souligné les espoirs qu’il plaçait dans les nouvelles générations de Polytechniciens en les appelant à ne pas craindre d’exercer les plus hautes fonctions.

« C’est vous qui serez qualifiés pour conduire le développement scientifique, technologique et industriel de la France du XXIe siècle au niveau dont elle est digne et dont elle a, à l’heure actuelle, grand besoin », avait-il dit.

« L’importance de la science s’est un peu affaiblie dans la reconnaissance publique française au cours des dernières décennies. Or, réfléchissez un instant ! Le plus grand pays du monde qui est la Chine. La Chine est gouvernée par sept personnes. Sur ces sept personnes, il y a sept ingénieurs et ce sont eux qui ont fait de ce pays (..) en quelques années, une des premières puissances technologiques et industrielles mondiales. »

L'hommage à Valéry Giscard d'Estaing sur le site de la Jaune & la Rouge.

https://www.youtube.com/watch?v=BsXFiiOsbXw

 

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