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Des X pour la Planète - Les Précurseurs – Georges Fabre – L’X qui plantait des arbres.

La série les X pour la planète propose de présenter les parcours ou les initiatives de polytechniciens qui ont œuvré et œuvre encore à préparer un monde plus soutenable. Elle comporte cinq volets : Les Précurseurs, les Entrepreneurs, les Chercheurs, les Acteurs et les Managers. Parmi les précurseurs, George Fabre, promoteur à partir de 1875 du reboisement du Massif de l’Aigoual, dans le sud du Massif central.
Des X pour la Planète - Les Précurseurs – Georges Fabre – L’X qui plantait des arbres.
13 déc. 2023
Soutenabilité

Georges Fabre, polytechnicien, ingénieur des Eaux et Forêts et artisan du reboisement du massif de l’Aigoual, dans le sud du massif central, se cache-t-il derrière Elzéard Bouffier, le héros de la nouvelle de Jean Giono, « L’homme qui plantait des arbres », parfois présentée comme une œuvre écologiste avant l’heure ?

Ecrit au début des années 50, en réponse à un concours du magazine américain The Reader’s Digest sur le thème « Le personnage le plus extraordinaire que j’ai rencontré », ce conte du chantre du monde paysan provençal met en scène Elzéard Bouffier, un homme solitaire qui élève patiemment, pendant de longues années une magnifique forêt redonnant vie à une lande déserte et dénudée de Provence.

Le récit n’est pas sans rappeler l’œuvre immense de reboisement du massif de l’Aigoual entreprise par Georges Fabre avec l’encouragement des autorités et poursuivie avec un zèle finalement réprouvé.

Polytechnicien, Georges Fabre entre en 1866 à l’École nationale forestière de Nancy et sort major de sa promotion en 1868. Garde général des Eaux et Forêts à Dijon puis à Mende de 1868 à 1875, il est ensuite nommé sous-inspecteur puis inspecteur à Alès.

Directeur des services de reboisement du département du Gard jusqu’en 1900, il consacre la plus grande part de sa carrière à la renaissance de la forêt du massif de l’Aigoual quasi anéantie au milieu du XIXème siècle sous l’effet d’une démographie rurale à son apogée, de la fragilisation de l’économie locale de subsistance avec les maladies du châtaignier et du ver à soie et des débuts de l’industrie qui entraînent des besoins en bois grandissants dans les mines, les verreries et les hauts-fourneaux.

Les cantons boisés disparaissent les uns après les autres. Partout les sols surexploités s’appauvrissent ou sont entraînés par les pluies torrentielles fréquentes. Plus bas dans les vallées et les plaines du versant méditerranéen très habité, les crues se multiplient emportant tout sur leur passage : maisons, bêtes et gens comme en 1844, 1856, 1861 et 1868. Plus espacées ensuite, elles resteront importantes bien au-delà de 1900.

Sous la pression des populations des plaines traumatisées par ces inondations à répétition, l’État décide par une loi de 1860 d’encourager le reboisement en montagne avec l’objectif de faire des forêts de véritables éponges. De 1874 à 1914, la forêt de l’Aigoual passe de 11 hectares à plus de 12.000 hectares.

Confronté aux conditions météorologiques et climatiques extrêmes du massif, Georges Fabre s’associe les compétences du botaniste Charles Flahault pour rechercher et expérimenter la plantation d’essence pionnières adaptées. Les deux amis sont aussi à l’origine de l’Observatoire météorologique construit au sommet de l’Aigoual.  En 1900, Georges Fabre est promu au grade de conservateur des Eaux et Forêts, obtient la conservation de Nîmes et dirige en effet l’ensemble des travaux sur l’Aigoual.

En 1908, alors que les priorités de la gestion forestière ont changé, il est brusquement relevé de ses fonctions puis mis à la retraite un an plus tard. Il meurt à Nîmes, le 21 mai 1911 à 66 ans. Aujourd'hui encore le massif forestier domanial de l'Aigoual est le troisième de la France métropolitaine, après ceux d'Orléans et de Fontainebleau, avec une emprise forestière de seize mille quatre cent cinquante hectares.

Elu membre de l’Académie de Nîmes en 1905, Georges Fabre est célébré par le poète et maire de la ville, Emile Reinaud, dans son recueil : Beauté des Causses et Cévennes : poésies régionales.

Et désormais, si les montagnes se reboisent,

Si la terre verdit, si les fils s’entrecroisent,

Annonçant la pluie ou le froid,

Si de ce belvédère on suit les vents sonores,

Si l’on voit se former, grandir les météores,

A Fabre, l’honneur en échoit.

Rien ne permet de penser que Giono connaissait ces vers de l’édile nîmois et félibréen mais rien n’empêche de le croire.

Sources :

Le massif domanial de l’Aigoual, cent ans après Georges Fabre. Première Partie. Jean-Claude Guérin. Revue Forestière Française, 2011, 63 (4). Pp 469-486.

L’Aigoual… Une forêt à l’histoire remarquable.

Georges Fabre – Wikipédia

L’Homme qui plantait des arbres. Jean Giono. Folio+ Collège. Juin 2022.

Émile Reinaud - Beautés des Causses et Cévennes : poésies régionales, Anduze, Imprimerie du Languedoc, 1958

Liens vers les autres épisodes :

Des X pour la Planète – Les Précurseurs - François Arago – Les forêts et le climat

Des X pour la Planète – Les Précurseurs - La dynastie Becquerel

Des X pour la Planète – Les Entrepreneurs – Sarah Lamaison – La fille de l’océan

Des X pour la Planète – Les Entrepreneurs – Antoine Guyot – Atomic Man

Des X pour la Planète - Les Entrepreneurs - Nicolas Cruaud - Anthropocite contre Anthropocène

 

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